Acte
II, scène 8
Eumène, Perséphone
Eumène
Ma présence t’indispose ?
Perséphone
Je ne sais dire, Eumène. Je ne puis m’extraire de ce songe qui me transporte hors du temps. Il me semble savourer l’infinie beauté des choses mortes.
Eumène
Parle-moi !
Ne reste pas seule avec ces fantômes !
C’est ici et maintenant que tu dois être ! Ne vois-tu pas comme ce charme nous éloigne l’une de l’autre ?
Perséphone
De beauté je suis éprise ! Il me semble alors revivre et loin des enfers me tenir. Comment peux-tu me demander d’y retourner, lorsqu'enfin je trouve le répit ?
Eumène
Ce n’est point le répit mais l’illusion qui te chavire ! Tu ne regardes plus que toi-mê-me, indifférente au monde qui t’entoure comme à ceux qui t’aiment !
Perséphone
Comment peux-tu me juger ? Vois la grâce qu’en vain je cherchais et que j’ai trou-vée ! La jalousie t’étreindrait-elle ?
Eumène
Perséphone, ma belle, mon âme, ne t’éloigne pas de celle que tu aimes ! Je ne puis vers moi te ramener, mais écoute ce cœur qui saigne !
Perséphone
D’aucune âme ne suis-je plus captive ! Comment répondre à ce que tu réclames, quand mon destin est d’être seule ? Car j’aime cette immatérielle beauté ! Il me sem-ble alors près des anges voler !
Eumène
Prends garde ne point tomber…
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